Mécanisme 3 (2 binômes) : une diversification par la transmission culturelle de comportements
La culture peut être définie comme un ensemble de comportements et de connaissances transmis socialement entre les individus d’une population, puis de génération en génération.
Binôme A: Le développement de comportements nouveaux et leurs transmissions chez les primates.
Extrait d’une interview de Bernard THIERRY Département Écologie, physiologie & éthologie (IPHC), CNRS, Strasbourg dans le périodique Pour la science.
L’observation première, dans les années 1950, fut celle du lavage des patates douces par des macaques japonais sur l’île de Koshima. Des chercheurs distribuaient sur la plage des tubercules à ces singes. Une femelle, nommée Imo, a commencé à les laver dans un ruisseau proche pour les débarrasser du sable. Ce comportement a été adopté par sa mère et par des jeunes du même âge. Ces derniers ont grandi et ont transmis le procédé à leur progéniture. Au bout de 5 ans, 80% de la population lavait les patates. De plus ce comportement n’est observable que sur cette île. Une observation similaire a été faite pour le lavage des grains de blé.
L’autre exemple célèbre a été mis en évidence par la primatologue britannique Jane Goodall dans les années 1960. Elle a décrit comment les chimpanzés du parc Gombe, en Tanzanie, utilisent des brindilles effeuillées pour « pêcher » des termites. Plusieurs années sont nécessaires aux jeunes pour réussir correctement cette tâche. Enfin, on a observé en Afrique de l’Ouest et dans d’autres régions des chimpanzés qui cassent des noix. Quand ces fruits sont trop durs à ouvrir, les singes posent la noix sur une grande pierre ou sur une racine qui sert d’enclume et la frappe avec une pierre. Cette technique est transmise aux jeunes qui, là encore, mettent des années à la maîtriser.

Comment la culture se transmet chez les singes ? Reportage CNRS
Binôme B :
1) Le développement d'un comportement nouveau et sa transmission chez les baleines à bosse
Les Baleines à bosse sont des Cétacés migrateurs présents dans tous les océans et parcourant de très grandes distances. Elles sont plutôt solitaires mais se regroupent néanmoins temporairement pour chasser.
Pour se nourrir, elles plongent puis remontent en nageant en spirales tout en lâchant des filets de bulles d’air pour former un écran aux bancs de poissons qu’elles engloutissent en remontant gueule ouverte. En 1980, dans le golfe du Maine (côte est des E.U), fut observée pour la première fois une technique de chasse inédite développée par une baleine à bosse : avant de plonger pour s’alimenter, la baleine frappait la surface de l’eau avec sa nageoire caudale.
2) Un lien entre évolution culturelle et évolution biologique : un exemple chez l'Homme
Un groupe ethnique est une entité rassemblant des personnes qui considèrent partager une ascendance, une histoire et/ou une culture commune, comme la langue ou le mode de vie. L'Asie intérieure est peuplée par une vingtaine de groupes ethniques, dont les Kazakhs, les Tadjiks et les Kirghizes. En milieu rural, les Kazakh et les Kirghizes sont surtout des éleveurs semi-nomades, tandis que les Tadjiks sont essentiellement des agriculteurs sédentaires.
Localisation et groupe linguistique de quelques populations d'Asie intérieure.
Distance génétique entre populations d'Asie intérieure.
Des chercheurs ont analysé l'ADN de populations d'Asie intérieure pour décrire leur distance génétique (nombre de différences génétiques entre les populations). Ils ont recherché deux variables, qui correspondent chacune à des ensembles distincts de séquences d'ADN, permettant de discriminer au mieux des différences génétiques entre populations. Ces variables sont matérialisées chacune par un axe. Plus deux populations sont proches dans le graphique, plus elles sont proches génétiquement.
Interview d'Évelyne Heyer, professeure en anthropologie génétique du Muséum national d'Histoire naturelle.
À grande échelle, la distance génétique entre les populations est corrélée à leur distance géographique. Autrement dit, nous nous reproduisons davantage avec des personnes proches de nous géographiquement. Toutefois, nos travaux en Asie intérieure ont révélé que la distance génétique des populations est fortement corrélée à la distance linguistique. Autrement dit, si la langue, qui est un trait culturel, est très différente entre deux populations, cela limite leurs échanges génétiques, maintenant ainsi ou accentuant leurs différences génétiques. Des chercheurs ont montré que d'autres traits culturels, comme la religion et l'organisation sociale en système de castes fonctionnent comme des « barrières » aux échanges génétiques, contribuant à diversifier les populations.
3) L’acquisition du chant chez les moineaux à couronne blanche.
Autour de la baie de San Francisco vivent plusieurs populations de moineaux à couronne blanche. Le chantde 2 de ces populations a été étudié.
Des chercheurs ont prélevés des œufs de moineaux soit dans la région de Marin, soit dans la région de Berkeley dans le but de comprendre comment le chant était transmis au sein d’une population. Les expériences réalisées sur les œufs sont décrites dans le tableau ci-dessous.